BIOGRAPHIE

 

  Biographie super brève

Auteur-compositeur-interprète québécois, Jamil est né à Montréal le 17 mai 1961. À cette même date venait au monde la chanteuse irlandaise Enya, connue pour ses tubes Only Time ou encore Orinoco Flow. Deux jours plus tard la station spatiale Venera 1 devenait le premier objet à survoler la planète Vénus. Le lien entre ces divers évènements n’a pas été clairement établi, mais le contraire non plus. Quoi qu’il en soit, Jamil continue avec joie et optimisme sa carrière d’auteur-compositeur-interprète, malgré un contexte difficile pour une industrie musicale qui s’effrite.

 

JAMIL Bio super longue

 

Auteur-compositeur-interprète québécois, Jamil est né à Montréal le 17 mai 1961. À cette même date venait au monde la chanteuse irlandaise Enya, connue pour ses tubes Only Time ou Orinoco Flow. Deux jours plus tard la station spatiale Venera 1 devenait le premier objet à survoler la planète Vénus. Ceci étant dit...

Peu après sa naissance, la famille déménage en Égypte puis en France et enfin au Maroc. À l’âge de 17 ans, sa grande motivation à pelleter des nuages au point d’en avoir les yeux rouges, inquiète ses parents. Pour lui remettre les idées en place, ils lui suggèrent d’intégrer l’école Royale Militaire de Sorèze, en France d’où il sera expulsé 6 mois plus tard pour consommation de haschich. Plutôt que de demeurer au Maroc dans l’inertie causée par les avenirs désespérants, il décide de se prendre en main, seul, avec en poche un aller-simple pour Montréal. 

Quand il débarque, il est bien trop timide pour s’imaginer auteur ou chanteur, même s’il lui vient en tête des idées de chansons, des refrains ou des mélodies qu’il gratouille sur sa guitare. 

Il enchaine les jobines puis se fait une place aux ventes pour la Royal Air Maroc. Financièrement tout va bien, les parents sont rassurés mais... il sent un vide artistique à combler. Il a écrit deux chansons, « Sans rancune » et « Un bar c’est triste un bar c’est con », mais il ne sait pas quoi en faire...

La vie est bien faite ! Dans un bar gay sans nom de Québec, une petite scène est offerte à qui le veut. On lui offre sa chance et il la prend, malgré un trac qui lui consume les entrailles. Ses deux chansons, évidemment caustiques et provoquantes, sont si bien accueillies que cela lui donne la piqûre...

Pour soigner son trac et travailler sa diction, il prend des cours d’animation radio. De 1981 à 1985, il se retrouve sur la grille horaire de plusieurs radios, notamment sur les ondes de Radio Centre-Ville où il ira jusqu’à remplir le rôle de « morning-man ». Le soir, il teste ses compositions Chez Dantin, la Boîte à Lili et autres vestiges décrépits des boites à chansons des années soixante-dix, et plus si affinités.

Des affinités, Jamil en trouvera avec une jeune cliente et chanteuse, Catherine Karnas, qui arpente les mêmes lieux et qui deviendra sa femme. Pour elle il met en retrait sa carrière embryonnaire d’artiste et se met en scène en tant que gérant.

En 1985, Jamil assure la promotion de Catherine Karnas, une nouvelle activité couronnée de tant de succès qu’on le remarque et qu’on le veut. Trans-Canada, à l’époque un des plus importants producteurs et distributeurs  de disques au Québec, l’embauche pour la promotion de ses artistes. Il se lance dans la gérance et la « promo » pour défendre les couleurs des Aznavour, Fugain, Bécaud, La Compagnie Créole, Les Gypsy Kings et encore les Francis CabrelRichard DesjardinsJulie Masse,  Ginette Reno, Gerry Boulet et dizaines d’autres artistes pendant 17 ans.

En 1995, Jamil fait une pause et fonde la salle de spectacles Le Medley, sur les ruines encore fumantes du Vieux Munich et du Berri Blues. Deux ans plus tard, il ressuscite sa compagnie de promotion. Cette fois ce sont  Isabelle BoulayMario PelchatLara Fabian, Francis Cabrel (encore !) et Notre Dame de Paris entre autres qui profitent de ses talents de persuasion. Pour Jamil, vendre est un art. Et il y excelle. 

Pour son plaisir, caché, il fonde Deep Blue, un groupe de trip-hop dans la mouvance de Portishead, ainsi que Blues Ben, un groupe qui reprend les standards du blues et dans lequel il retrouve le courage de chanter. L’artiste peu connu Marc-André Le Tourneux, qui a bien saisi la richesse artistique de Jamil, le pousse à commettre un enregistrement. Celui-ci sera abasourdi par la décision de Jamil de mettre ce premier opus à la poubelle. Néanmoins Jamil lui donne une deuxième chance.

C'est ainsi que, $80,000 plus tard, Jamil crée Pépé Inc., un personnage virtuel dont il assure la promotion. Pépé Inc. reste dans l'ombre, loin des médias, même si le titre «Un signe de toi» figure au sommet des palmarès radio. Dans les bars et les restaurants de Montréal, Pépé Inc. est un incontournable mais l'identité véritable de l'artiste demeure une énigme. Pendant ce temps Jamil décide de tenter une nouvelle aventure... 

En 2000, la rue Saint-Hubert de Montréal est moribonde et ne semble toujours pas avoir changé de millénaire. La galerie marchande va être rénovée et Jamil a bien envie d’y participer. Il va y fonder le bar et salle de spectacle Le Petit Medley, malgré le scepticisme de son entourage. 

Rapidement le Petit Medley devient un lieu de rendez-vous. Et puis de temps en temps, d’abord devant un staff bien saoul ou devant des amis choisis, il monte sur scène et présente ses chansons. Les encouragements de ses amis ne sont pas factices, il le voit bien, car le bouche-à-oreille a fait son œuvre et la salle se remplit maintenant chaque soir. 

Enfin rassuré, Jamil part sur la route des bars du Québec et le succès se propage. Il enchaine «Pitié pour les femmes»«Fuck, faut qu'tu changes», «C'est pas moi ça» et toutes ses compositions devant un public et des médias hilares qui découvre son humour unique, cru, parfois cinglant, souvent cynique mais toujours tendre. « Les moitiés » «  Je pète au lit » « Je ronfle » « Mohamed ».  Dans l’underground du spectacle Jamil acquiert une réputation solide. Il n’a plus le syndrome de l’imposteur, enfin pas trop souvent, il peut se consacrer à sa vie d’artiste.

De 2004 à 2009 ce sera « Les Années folles ». Les albums Pitié pour les femmes (2004) et Pitié pour les bums ! (2005) sont applaudis par les critiques, on se l’arrache sur les plateaux télé, les tournées bien étoffées se succèdent au Québec mais aussi en France, où il amorce de bons contacts avec des producteurs de disques et de spectacles. Il se met à écrire pour d’autres, notamment La bartendresse et Tatou pour Éric Lapointe et  Mon cœur est un numéro pour Marie-Élaine Thibert, des textes qui deviendront chaque fois des hits radio. Son nom est sur toutes les lèvres, rien ne peut l’arrêter...

Le 7 octobre 2009, c’est la sortie de «Je dure… très, très, dur». Champagne-showbiz. On rit, on boit, on parle d’avenir devant des médias conquis qui se délectent de ses bons mots, une vaste tournée de spectacles se dessine. Les plateaux de télé des plus grandes émissions l’attendent, les radios aussi. Mais voilà que deux jours plus tard Jamil s’écroule, victime d’un double AVC. C’est la descente aux enfers...

Par deux fois on lui ouvre la boite crânienne, les pronostics de rétablissement sont mitigés. Trois longs mois plus tard, il se lève de son fauteuil roulant et quitte le centre de réadaptation. Il titube sur deux cannes, une aphasie évidente ramolli son élocution et sa main gauche n’a jamais été aussi gauche et pesante. Il est alors  incapable de jouer de la guitare. 35 ans de guitare disparus et une carrière artistique qui semble vouloir se conjuguer au passé.

Alors Jamil se retranche dans sa tanière, en pleine campagne, où il amorce sa propre réadaptation. Il élève des animaux de ferme qui l’obligent à être actif. Et puis il marche, toujours un peu plus chaque jour et il se remet à la guitare. C’est lent, très lent... mais ça avance !

Quelques mois plus tard, il ne peut toujours pas écrire mais il arrive malgré tout à pianoter sur son ordinateur. Sa créativité revient, sous forme de chansons qu’il offre à Jonathan Roy, Pascal Dufour (Ex-Respectables) et Sophie Vaillancourt (Star Académie). Il lance à distance «À bas les roses» une compilation d’enregistrements inédits, étonnement mélancolique mais après tout, ce sont les chansons écartées à l’époque de la bonne humeur  et de ses excès ?

Les mois passent, les années aussi, dans le silence de son bout de campagne il prépare sa résurrection. Et le mot n’est pas trop fort, car vraiment, on ne donnait pas cher de sa peau...

Nous voici en 2011. Cela commence au printemps avec le blues de «Jamil Blues Attempt», un rêve de jeunesse. C’est avec cet album qu’il remonte sur scène. Doucement, maladroitement, mais cela lui permet de se remettre en selle, de travailler son élocution et son équilibre. À l’automne, trois ans après avoir été foudroyé par ses AVC, Jamil est en forme. Le spectacle «Pitié Pour Les Femmes/Le Retour» a des saveurs de miracle. À l’aise sur scène, Il arbore un large sourire devant un public rassuré, ses nouvelles chansons font mouche, les médias propagent la bonne nouvelle, l’industrie musicale se réjouit de le revoir vif et joyeux. Tout pouvait repartir comme avant. Mais repartir comme avant ne lui convenait qu’à moitié, et les moitiés, on le sait bien, il n’aime pas ça.

Quand on frôle la mort, quand on se voit vieillard du jour au lendemain, même quand on arrive à se jouer du destin, on en ressort pas indemne. Jamil veut se réinventer, dans sa vie intime, dans son jeu de guitare, comme Django Reinhardt a bien su le faire après ses brûlures, il veut s’assurer que le sourire qui lui fend le visage ne soit pas un masque de façade, que ses chansons à venir ne soient pas les couplets inutiles de chansons anciennes. Les sommets qu’il veut gravir ne sont plus ceux des palmarès radios. En 2012 Il choisit plutôt de partir en France, dans les montagnes des Pyrénées, pour suivre les Chemins de Compostelle. Un premier voyage initiatique de 38 jours qui sera suivi d’un autre. 25km de marche par jour, 24 livres de charge, guitare incluse. Un voyage difficile, même pour ceux qui n’ont pas ses antécédents médicaux. Dans ce voyage solitaire il s’imagine revenir sur scène, en solo, totalement autonome. Le rêve est encore loin. À Montréal, il vient maintenant chaque mois au Centre de réadaptation Villa Medica, pour motiver d’autres victimes d’AVC et partager son expérience qui forcément redonne espoir. Jamil devient un guide pour les autres même s’il continue d’en chercher pour lui. Monter sur scène ? Pour qui, pourquoi ? Pour dire quoi ? 

Ce guide, il le trouvera en 2014 en rencontrant Pierre Légaré, à juste titre « l’humoriste québécois reconnu pour ses questions existentielles » selon Wikipédia. Des questions existentielles, Jamil n’en manque pas, il les partage avec son nouvel ami, qui lui présente son fidèle metteur en scène Gilles Dumas. Avec eux, grâce à eux, Jamil reprend gout à la scène. D’abord des petits spectacles solo de 30 minutes, en douce et loin de tous, sous l’œil aguerri de ses deux coachs qui ne le quittent pas d’une semelle. Jamil revend le Petit Medley et Le Gainzbar pour quelques poignées de dollars. Une page se tourne, sans joie ni amertume, l’artiste à d’autres objectifs en tête. 

Deux années se sont écoulées, à l’automne 2016, c’est un spectacle solo de 90 minutes que Jamil présente à La Comédie de Montréal. Dans une mise en scène sans artifices, il revisite ses classiques et glisse quelques nouvelles compositions. Rien de bien nouveau direz-vous, sauf que cette fois il est apaisé, beaucoup plus sûr de lui, on rit sans ricaner, et qu’il interprète ses chansons avec une nouvelle profondeur, inspirée par ces milliers d’heures de marche et d’effort dans la solitude des grands espaces, en toute liberté... 

L’histoire s’accélère et se conjugue maintenant au présent. Jamil ne marche plus, il court. Un 10 km de marathon par-ci, par-là, sa façon à lui de faire son bilan de santé. En mai 2017, Stéphane Grimm, l’ami et sonorisateur fétiche de Jamil le presse d’enregistrer ses nouvelles compositions. Jamil en a une trentaine dans sa besace, plus ou moins en jachère. Entouré d’une nouvelle équipe de musiciens chevronnés et amoureux des beaux textes (« le » Réjean Bouchard à la guitare et l’émérite claviériste Pascal Bouchard, grand maître des arrangements symphoniques), ils en choisissent une vingtaine. 18 chansons qui se doivent d’exister, qui méritent d’être choyées et habillées par de beaux arrangements. 18 chansons, c’est trop pour un album. Alors ils décident de faire une trilogie.  Une autre sélection se fait, un premier album se dessine et l’été se passe dans les studios feutrés du studio Noname dans un recoin des fameux Studios Planète. 

À partir d’ici la vie de Jamil ne se lit plus, elle s’écoute. « Toutes les libertés » volume 1, chansons autorisées » est disponible en version numérique et dans les bacs. Huit chansons d’amour magnifiques qui font de lui bien plus qu’un « Brassens sur l’acide », même si ce fut un beau compliment pendant si longtemps. Jamil demeure « Un tailleur de rimes, un chasseur de déprime, un tire-au-flan, Qui travaille tout le temps... » (Fatigué !), un grand poète « ... qui aime les mots quand ils tanguent et dansent, au rythme lent de ses romances... » (J’aime les mots). Huit textes beaux, graves où il dévoile toute son humanité. Huit chansons qui prendront place dans son nouveau spectacle, au milieu de ses grands classiques pour continuer de faire rire et pleurer. Jamil, québécois pure-laine de mouton, 56 ans au compteur, continue de rouler sa bosse de dromadaire (c’est le chameau qui en a deux) et nous conter ses histoires, toujours drôles même quand elles sont tristes, parce que c’est Jamil.